Promenade poétique et musicale En Grèce

Sur les pas de Jacques Lacarrière

1ère partie
Les poètes grecs de Jacques Lacarrière
En mots et en musique par Sylvia Lipa-Lacarrière & Guilène Ferré
Nicolas Syros (Bouzouki)

2ème partie
Concert de musique contemporaine
Nicolas SYROS (Bouzouki & Chant)
Kostas SYROS (Guitare)
Dimitra Adami (Chant)

Vendredi 18 novembre 2011 à 20h30
Médiathèque d’ Agglomération Aimé Césaire
Allée Rose de France
34170 Castelnau-le-Lez

Samedi 19 novembre 2011 à 20h30
Amphithéâtre de 2ISA
32, avenue de la république
12100 MILLAU

PAF : 8€
Renseignements et réservations au 06.32.88.78.06
ou par email :bluesdupiree@gmail.com

Jacques Lacarrière, poète

A l’orée du pays fertile
Lundi 17 octobre, à 19 heures,
à la Maison de l’Amérique latine,
217 boulevard Saint-Germain, à Paris

A l’occasion de la parution de son œuvre poétique complète aux éditions Seghers, comédiens, musiciens et amis partiront à la découverte de Jacques Lacarrière, poète et partageront les poèmes de toute une vie.
La poésie est-elle faite pour durer à tout prix ou,
au contraire, faire entrevoir un court instant,
l’éternité ?
Est-elle une source ou un estuaire, un long compagnonnage
ou un subit enchantement, autrement dit un coup de foudre ou un mariage d’amour ?
Je me garderai bien de choisir pour préserver en moi, qu’elle soit mariage ou qu’elle soit
foudre, le miracle de son mystère.

Invitation, version imprimable

Pour une déesse

Musique de Charles Chaynes. Texte de Jacques Lacarrière

Création mondiale au Théâtre Impérial de Compiègne
Magali Léger : Soprano
Odette Chaynes Decaux Piano

Dimanche 8 mai 2011 à 15 heures

Cette création sera suivie d’une rencontre entre le compositeur, les artistes et le public.
Le débat sera animé par Jean Marc Salzmann, conseiller artistique du théâtre impérial et créateur de plusieurs
œuvres de Charles Chaynes

« Depuis les jours heureux où j’ai écrit avec Jacques Lacarrière mon opéra Jocaste, j’ai eu le désir de trouver un autre texte du même auteur dont j’ai tant aimé le style, la richesse du choix des mots et leur vie. Sylvia Lacarrière, m’a adressé des poèmes inédits que je me suis empressé d’approfondir et sur lesquels j’ai retrouvé le plaisir de mettre en musique ces textes si évocateurs.
Il s’agissait une fois de plus de me replonger dans mon attirance ancienne mais toujours valable pour l’antiquité aussi bien en œuvre d’art qu’en littérature.
Depuis Sappho la poésie Grecque intime et pleine de subtilité m’a toujours attiré. C’est pourquoi j’ai regroupé sous le titre « Pour une déesse » cinq poésies qui m’ont beaucoup parlé par la richesse et la cohabitation des mots. « Pour une déesse » a semblé évident car l’inspiration de Jacques Lacarrière est dominée par la présence (sous entendue jusqu’au dernier hommage final) qui éclaire toute cette vie subtile proche de l’érotisme et dédiée à l’Aphrodite « infante de l’amour ».
Cinq textes qui ont donné naissance à une suite musicale pour soprano et piano dédiée et guidée par la voix si délicate et expressive de Magali Léger :
1. Recette pour une Déesse
2. L’étreinte des nuages
3. Grossesse de la mère
4. De l’Azur la semence
5. L’Aphrodite qui couronne et explicite cet ensemble musical. »

Charles Chaynes

Printemps des poètes

Depuis plusieurs années, le Printemps des Poètes, structure nationale qui assure la promotion et la diffusion de la poésie, a initié l’opération «Une rue, un poète». Il s’agit d’appeler un lieu public du nom d’un poète. Le Coglais s’est engagé largement dans cette démarche. Au fil des années, Paul Eluard, Louis Aragon, René Char, Fadhma Amrouche, Julien Cracq ont rehaussé de leurs noms des lieux publics.

«A la colombe
II ne dira rien.
Elle irait aussi bien
Le rapporter
II ne sait où.»

Cuillevic

«De son bec un oiseau
Evide l’arbre qui ne tremble
D’aucun frisson sauf en ses branches…»

Herri-Gwilherm Kérourédan

«Mes mots. Mes mots évaporés aux lèvres des nuages.
Mes mots, buée de langage, je ne suis qu’embrun d’aile…»

Jacques Lacarrière

Louis DUBREIL, Conseiller Général, Maire de St Brice en Coglès,

Jean MALAPERT, Président de Coglais Marches de Bretagne,

Bernard SERRAND, Vice-Président de Coglais Marches de Bretagne, Maire-adjoint de St Brice en Coglès,

Marie-France MORIEUX, Principale du Collège Angèle Vannier.

Serge BOUVIER, Président du Pôle Artistique et Culturel du Collège Angèle Vannier,

Inauguration des rues GU1LLEVIC, Herri-Gwilherm KÉROURÉDAN
et du square Jacques LACARRIÈRE,
dans le cadre du «Printemps du Coglais»
en présence d’Edmond HERVE, Sénateur.

Le samedi 2 avril 2011 à 17h30
Serge Bouvier au square Jacque Lacarrière

Les Chants du Regard

Dans la Forêt des Songes
de Jacques Lacarrière adapté & interprété par Michel Boizot

Proposé par Marianne Auricoste dans le cadre de l’atelier d’expression « Jeux de parole et d’écriture »
Le 27 Mars 2011 à 19h00
Centre Culturel de Méréville

Les poètes grecs de Jacques Lacarrière

Soirée Littérature et Musique
Odysséas Elytis, Georges Séféris, Yannis Ritsos, Sikélianos, Titos Patrikios, Catherina Angélika-Rouk, Aris Alexandrou, Dimitris Kraniotis, Christodoulou.
En mots et en musique par Sylvia Lipa-Lacarrière, Fançoise Huart et Nicolas Syros (bouzouki)

avec une présentation de « A l’orée du pays fertile » (Seghers, 2011)
Recueil de poésies complètes de Jacques Lacarrière
« Il n’est de manque véritable que le vide d’un monde privé de poésie. »
Dans cette anthologie qu’il avait lui-même composée, Jacques Lacarrière nous livre plus de cinquante ans de voyage dans l’intimité de sa poésie, une poésie nourrie de paysages, de rencontres et de mythes.
A la Maison Jules Roy à Vezelay
Vendredi 1er avril 2011, à 18 h 30, entrée libre

L’écume des pages

Rencontre à l’Ecume des Pages
Mardi 5 avril à partir de 19 heures
174 bld Saint-Germain 75006 Paris

L’Ecume des pages

La plus belle aventure du monde
L’aventure cistercienne et son rayonnement
Postface de Edith de La Héronnière
Aux éditions Isolato

A L’Orée du Pays Fertile
Poésies complètes.
Aux éditions Seghers

Même parti très loin, je ne sais
Quel est le plus réel, de ma mémoire ou de mes routes
Quel est le vent qui pousse ce bateau
Quelle est la mer qui pousse ces oiseaux
Je suis arrivé près de lagunes ocrées
?Où la patience des sauriens ruminait
?Le long enfantement de l’homme
Ainsi de toi, lointaine, jusqu’à moi
Ta main est ce serpent lacustre dont le sommeil
M’attend au bout des mémoires du monde

Cappadoce, La vallée des fées
Portfolio avec textes et photos de Jacques Lacarrière

Exposition annuelle des Kilims ADA

A l’occasion du vernissage de l’exposition annuelle des Kilims ADA qui se déroulera du 26 février au 27 mars, Chemins faisant présente le jeudi 3 mars à partir de 19 heures, le portfolio Cappadoce, La Vallée des fées
Textes et photos de Jacques Lacarrière, introduction de Gil Jouanard.
Kilims ADA vous invite à déguster les traditionnels meze arrosés du non moins traditionnel raki au son de la musique tzigane du Trio Jasko Ramic, accompagné de Mahmout Démir.

Cloître des Billettes
24 rue des Archives
75004 Paris
Métro Hôtel de Ville

À l’Orée du Pays Fertile

Anthologie poétique personnelle
Parution à l’occasion de la 13e édition du Printemps des poètes (7 au 21 mars 2011)
« Il n’est de manque véritable que le vide d’un monde privé de poésie. »
Dans cette anthologie qu’il avait lui-même composée, Jacques Lacarrière nous livre plus de cinquante ans de voyage dans l’intimité de sa poésie, une poésie nourrie de paysages, de rencontres et de mythes.
« Être, à chaque mot, contemporain du premier homme : Adam des mots » : telle aurait pu être la devise de celui qui partagea sa vie entre son amour de l’écriture et sa passion des civilisations anciennes. Plus célèbre pour ses romans et ses récits de voyages, il a toutefois eu un véritable parcours poétique, plus discret mais issu de rencontres déterminantes, parmi lesquelles le surréalisme avec André Breton, la négritude avec Aimé Césaire, les grands classiques de la Grèce antique, avec la traduction de Sophocle ou d’Hérodote ou la peinture de Giorgio de Chirico. S’ajoute à cette liste celle des voyages, des traversées : Patmos, l’archipel des Cyclades, le Mont Athos, mais aussi la France, entre campagne et ville.
Celui qui chemine au creux de cette anthologie le comprend aussitôt : le tempérament nomade de son auteur imprime à cette poésie le caractère de l’éphémère, du fugitif. Les figures mythologiques, qu’elles soient argonautes, centaures, néréides ou gorgones, affluent sous la bannière de l’Immémorial Orphée – figure éternelle du poète. La contemplation des paysages, qui offre au langage ses états singuliers, cède devant le récit épique des batailles de l’Aurige, ce conducteur de char dont on retrouva la statue à Delphes. Le cri d’Icare tombant dans la mer résonne comme le cri originel de tout être humain. Cette poésie se situe entre un monde de nature et un monde par-delà la nature, empreint de mythe. De chaque mot, de chaque image, se dégage une sagesse infinie, loin de la contingence des époques, légère comme le nuage et solide comme le minéral. Car les éléments – eau, vent, feu, terre – sont partout présents, seules forces à l’épreuve du temps. Ces poèmes apparaissent donc, selon les termes de l’auteur lui-même, « bucoliques, agraires, forestiers, telluriques, aériens, nébuleux ou céréaliers. » Ils font parvenir jusqu’à nous la voix tout à fait singulière d’un bel esprit, généreux et contemplatif.

Paris, Seghers Laffont, 2011

EXTRAITS

Abécédaire de la terre

Annonciatrice des aubes et des astres
Berceau de nos balbutiements
Colombier des humaines colombes
Donatrices des délectations
Écrin de nos enchantements
Florilèges des floraisons
Géante où gazouille le monde
Héroïne de l’histoire des herbes
Infante de l’immensité
Jardinière des joies et des jours
Kermesse des kobolds
Légendaire des loups et des lions
Matrice et mémoire du monde
Nourrice des nids et des nues
Plénitude des pastoureaux
Quintessence des autres éléments
Royaume de toute renaissance
Semeuse de savoirs et de saveurs
Trésors où s’enrichit le Temps
Unisson de tous les univers
Ventre et veilleuse des victoires
la Terre

Écrit en mer Égée, entre Ios et Siphnos

Au plus près de la “mer écumeuse“ d’Homère,
au plus près de cette vérité bleue
qui tremble à l’heure du poème,
au plus près de la vague offerte en chacun de ses creux,
au plus près du fragile avenir de l’écume,
au plus près de l’oiseau à la croisée des vents,
au plus près du rivage où veille une chapelle
j’ai regardé les îles, grenades émiettées aux noces de la mer,
j’ai perçu leur cri de chaux vive et de sel,
humé leurs icônes d’odeur et les bouquets séchés de leur lumière.
Ici le filet du pêcheur dialogue chaque jour
avec la liberté des vagues,
chaque jour le soleil recommence
les jeux savants des mouettes et de l’azur,
et ici, chaque jour, à mi-chemin des ombres et du réel
corps éployé dans la légende,
vient rêver
une néréide.

Portrait d’un hirsute
Un profil de ménagère et une sensibilité d’obélisque, il n’en fallait pas plus pour qu’il devient impossible à vivre. Il avait été ramoneur puis professeur au Muséum d’histoire naturelle. Il y avait acquis cette habitude déplorable de se croire une géologie en marche. Aussi ne bougeait-il jamais. Il ne se lavait jamais non plus. Il est mort un jour, d’érosion.
1949

Même parti très loin, je ne sais
Quel est le plus réel, de ma mémoire ou de mes routes
Quel est le vent qui pousse ce bateau,
Quelle est la mer qui pousse ces oiseaux.
Je suis arrivé près de lagunes ocrées
Où la patience des sauriens ruminait
Le long enfantement de l’homme.
Ainsi de toi, lointaine, jusqu’à moi :
Ta main est ce serpent lacustre dont le sommeil
M’attend au bout des mémoires du monde.
1950

Incertitudes
Je ne sais pas pourquoi le Zodiaque est si haut
Ni pourquoi les nuages sans cesse recommencent
Pourquoi l’éclair ne dure, pourquoi les soleils meurent
Je ne sais pas pourquoi le vent est sans mémoire.
Mille ans suffiraient-ils pour pouvoir épuiser
La raison d’un seul jour
Et mille autres pour enfin déchiffrer les runes inviolées de la nuit ?
Demeure, malgré tout, la fidélité du printemps,
Demeurent l’élévation et la ponctualité des sèves
Demeurent au loin les milles chuchotis de la mer
Demeure à mes oreilles le chant muet des coquillages.
Je ne sais pas pourquoi le vent est sans mémoire
Je ne sais pas pourquoi les taupes sont aveugles
Je ne sais pas pourquoi les saules se lamentent
Je ne sais pas pourquoi l’herbe n’a pas d’histoire.
Mille ans suffiraient-ils pour nous faire découvrir
le pacte des herbes et du vent
Et mille autres pour élucider
l’œil irisé des libellules ?
Demeure, inexorables, le foisonnement des fourmis
Demeure, inégalée, la diligence des abeilles
Demeure, inexpliqué, le mutisme des cicindèles,
Demeure, indiscuté, le verbiage des Kinkajous.
Je ne sais pas pourquoi le vent est sans mémoire
Je ne sais pas pourquoi la foudre devient cendre
Je ne sais pas pourquoi l’oiseau n’a que deux ailes
Je ne sais pas pourquoi la rose est sans pourquoi.

Octobre au bord des flammes
Antiphonaires des saisons, les vêpres
tombent sur la ville avec un bruit de voix mouillées.
Là-bas, ce répons d’âmes
cette cantilène des nuages
et le cri de l’ange là-haut
déroulant la grande nappe des prières
sur l’incendie, sur l’agonie de la lumière.
1950

Cyclades
Ici, le temps se mesure au comptant, au content du soleil. C’est pourquoi chaque coupole, chaque chapelle filtrent les flèches du zénith, clepsydres des lumières.
Ruelles des Cyclades : lignes de partage du jour et de la nuit sur le crêt de l’Immaculé comme une eau ruisselant vers le levant ou le ponant des songes.
Arêtes vives comme le tranchant d’un glaive entre fini et infini. Comme l’épée de l’Ange entre innocence et faute. Arêtes vives comme une frontière rectiligne, embrasée, parallèle à notre destin.
En ces jeux de lumière et d’ombres cycladiques, en ce damier austère, on retrouve la trace des vieilles géométries qu’Euclide, Thalès et Pythagore ont tour à tour inscrites dans le blanc du ciel grec. Épures de midi. Lignes, droites, angles, arêtes, trigones et triangles du ciel que le soleil docile reproduit sur le cadran des îles. C’est là, juste à la bissectrice des solstices que son tranchant sépare la Mémoire. Et il met d’un côté les grands cyprès orphiques, de l’autre le marbre euclidien du zénith.
J’ai regardé les îles, grenades émiettées aux noces de la mer, j’ai perçu leur cri de chaux vive et de sel, humé leurs icônes d’odeur et les bouquets séchés de la lumière.
Là, juste là, cette arche d’ombre fichée sur l’épingle embrasée du soleil.
Il y a dans la tradition mystique de la Grèce un mot qui désigne les ascètes les plus ardents, les plus acharnés à demeurer dans le désert aux franges des brûlures, et ce mot, c’est nepsis qui veut dire sobriété. On nomme précisément neptiques les ermites les plus extrêmes en leur ascèse. Ivresse neptique du mur Egéen, fou de soleil, éperdu de lumière. Ivresse neptique des voiles cycladiques sur l’écume. Car il n’est autre ivresse que celle de l’homme sobre devant l’arête immaculée de ses désirs.
Neptiques sont ces murs, ces terrasses, ces coupoles, ces marches étincelantes, dénudées de lumière. Neptiques puisqu’un peu de chaux leur suffit pour affronter l’infini bleu du ciel.
Lumière janséniste de la chaux, ombres dionysiaques, couleurs avivant les seuils, les portes, les fenêtres. Des unes aux autres, vent dorien et soleil ionien, le contraste d’un isthme infime. Où la mémoire a su nimber d’ocelles le derme écru des murs.
Au cadran solaire des escales, les mâts sont aiguilles des vents, les coques alcôves des tempêtes. Mais là, souviens-t’en bien, en ce port calme et bleu, juste après le réveil des gorgones et des proues, tu vis pour la première fois bouger l’ombre des heures.
1980

Yggdrasil *
Je suis né d’un songe de la terre rêvant qu’elle s’unissait au ciel.
J’ai grandi dans l’ombre inquiète de racines toujours assoiffées d’obscur.
Et j’ai fleuri dans l’allégresse de la sève et l’offertoire des frondaisons.
Je suis l’axe du monde, vivant défi des temps carbonifères. L’alliance de l’ombre et de l’éclair, le tremplin des orages, l’esprit des sources et des souffles.
Je suis le sommeil et l’éveil, le silence et la symphonie.
Je suis l’oratoire des astres, et mes feuillages s’impatientent des apocalypses à venir.
J’abrite en mes branches l’aspic et l’alouette, l’ogre et l’océanide, le singe et la sylphide, le ver et la vestale.
J’abrite l’hier des fauves, les présent des oiseaux et le demain des hommes.
J’abrite le nid des anges et les couvées du ciel.
Je suis l’axe du monde.

  • Yggdrasil est le nom donné par les anciens Germains au Frêne cosmique qui reliait le ciel et la terre. Il abritait en ses racines les divinités du destin, en ses branches toute l’humanité et en son sommeil le palais des dieux.