Qui sommes-nous ?

En authentique mystique matérialiste, proche parent des bouddhistes, Jacques Lacarrière se sera tenu fidèlement dans le respect de la fameuse assertion de Parménide : « Peu m’importe mon commencement, car c’est là que je reviendrai ». Et en effet, parti du centre même du labyrinthe initiatique de la cathédrale de Chartres, c’est bien au cœur du dédale suprême que le voici revenu. Pour cela, il aura sans cesse élargi l’envergure de la spirale, de la Loire de Ronsard et de Couté jusqu’à la Bourgogne de Restif et de Roupnel.

Puis, infatigable Protée et insatiable Icare terrestre, le voilà aux bouches de l’oracle de Delphes et devant la chambre d’échos à ciel ouvert d’Epidaure. Refaisant le pèlerinage alexandrin, se laissant conquérir par Byzance et par la Sublime Porte, sacrifiant au rite de Shiva-Dyonisos, mettant enfin le cap sur la clé de voûte égyptienne, puis sur la douceur hospitalière du Maghreb.

Le voilà revenu au centre, au cœur, dans l’ordre et la beauté, dans le luxe, le calme et la volupté ; de là, il nous fait signe.

C’est afin de répondre à son invitation permanente au voyage que certains de ses amis ont décidé de lui faire escorte, sous la bannière de « Chemins faisant », le pluriel s’attachant à signifier la pluralité, la diversité, l’œcuménisme cosmopolite de sa navigation à l’estime.
Ils s’engagent par là, non pas à célébrer, mais à maintenir en vie sa mémoire, à le garder présent, au centre du labyrinthe où il conduit la mélancolique sarabande de notre fidélité.
Chemins faisant multipliera les occasions de rencontre avec Jacques Lacarrière, et dans son sillage avec d’autres auteurs, selon ce même principe d’itinérance fertile qui fut et reste le moteur de sa présence la plus réelle.

Gil JOUANARD