Jacques Lacarrière L’Oiseleur du Temps

Concert-Lecture avec Sylvia Lipa-Lacarrière, lectrice, Charles Mathieu et Pierre Pateron, violons. Avec la participation de Michel Boizot, flûte et Hoonaz
Un choix de textes parmi ses « Natures » multiformes, étrangères ou familières
Chapelle du Beugnon
Hameau du Beugnon,
89260 Arcy-sur-Cure
Samedi 20 septembre à 20 heures

Le chemin ne finit jamais : pourquoi finirait-il puisque la terre est ronde ? Le chemin ne commence jamais : il est en nous depuis les nuits étoilées des primates. Le chemin dans nos mains : ces lignes de nos vies. Le chemin sur nos fronts : ces rides. Le chemin dans nos cœurs : ces vides à combler. A rêver. Ces vides à vivre.

Qu’est-ce qu’un patrimoine littéraire ? Quand on prononce ou quand on lit ces mots, on pense avant tout à un dépôt, un legs, à un don des savants, des poètes et des écrivains du passé que nous aurions mission de conserver et de transmettre intact aux générations à venir. Rien ne me paraît plus faut. Un patrimoine littéraire, ce ne sont pas des mots embaumés dans des pages ni des images momifiées en des nécropoles livresques mais le contraire : une source toujours vivante qui continue de couler jusqu’à nous, de refléter nos besoins et nos rêves, qui continue en sommes d’alimenter notre présent. Car nous appartenons au même fleuve que ceux qui nous ont précédés sur ses rives et ce sont leurs voix, leurs mots, leurs idées, leurs images que nous surprenons en son cours. Un patrimoine, c’est ce qui sourd de la terre pour ensuite traverser les siècles comme une mémoire qui murmure. Un vrai livre ne meurt jamais. Tout au plus hiberne-t-il dans le temps et il ne dépend que de nous de lui redonner souffle et voix par la lecture vivifiante que nous pouvons en faire. Tel est le miracle des livres : resserrer ou abolir le temps en restituant intacte la parole du plus ancien passé. Depuis Homère, nous le savons, les vrais livres ont tous été écrits
hier.
Jacques Lacarrière