Programme 2025, Centenaire de Jacques Lacarrière

© Sophie Bassouls

Anniversaire de la naissance de Jacques Lacarrière (1925) et de sa disparition (2005).

Une année d’anniversaires qui nous donne une merveilleuse occasion, avec les éditeurs de Jacques Lacarrière, de mettre en lumière son œuvre protéiforme, comme le rappelait notre cher ami Gil Jouanard.

Manifestations :

25 Janvier  2025, dans le cadre de « Strasbourg Capitale de la Culture de l’Unesco », et de Bibliothèques Idéales, Jacques Lacarrière, l’étonnant voyageur nous enchante encore, avec Etonnants Voyageurs

10 Mars 2025, Lancement de « Année 2025, Jacques Lacarrière » à La Maison de l’Amérique Latine

Mars 2025,  Printemps des poètes avec la nouvelle édition de l’Anthologie poétique A L’Orée du pays fertile aux éditions Sghers

Du 28 Mai au 29 Juin 2025, à Toulouse, exposition Jacques Lacarrière, écrivain-photographe à la librairie Ombres Blanches, en collaboration avec la galerie Le Château d’Eau et les éditions Le temps qu’il fait.

Du 7 au 9 Juin 2025, Festival Étonnants Voyageurs avec les éditions Plon, « Dictionnaires amoureux » et « Terre Humaine ».

Le 21 Juin 2025, Présentation de Orobudur au Marché de la Poésie, avec les Éditions Jacques Brémont.

Le 26 Juin 2025, Villa Kérilos, autour des musiciens Hadzidakis, Théodorakis, et Jacques Lacarrière nés tous les trois en 1925

Les 25 et 26 Septembre 2025, TunisieChemins faisant à l’Institut Français de Tunis et de Sousse, Jacques Lacarrière Passeur de rives, passeur de rêves.

Le 3 Octobre 2025, Chemins faisant au Festival International de Géographie de Saint-Dié-des-Vosges. Cheminer avec Jacques Lacarrière.

Le 26 Novembre 2025, Chemins faisant à Quimper, Promenade dans la Grèce de Jacques Lacarrière.

Les 29 et 7 Décembre, Paris, théâtre de l’Ile Saint-Louis, Dans la Forêt des Songes, reprise du spectacle musical de Michel Boizot.

Parutions :

Mars 2025, A l’Orée du pays fertile, Éditions Seghers.

Mai 2025, L’Été Grec, Éditions Terre Humaine Plon.

Octobre 2025, D’Une Grèce l’autre, Editions dépaysages.

Octobre 2025, Marie d’Égypte, Pavillons, Robert Laffont.

Août 2025, Borobudur, Éditions Jacques Brémond.

Cheminer avec Jacques Lacarrière

Hommage à Jacques Lacarrière avec Bruno DOUCEYDavid PRUDHOMME, auteur de BD, Rébétika (Futuropolis), Sylvia Lacarrière, animé par Valérie MARIN LA MESLEE.

Le pays invité du festival est l’Indonésie, l’occasion de s’arrêter sur Borobudur, publié au printemps dernier aux éditions Jacques Brémont.

Octobre est un mois particulièrement riche de l’année Jacques Lacarrière en parutions :
D’Une Grèce l’autre aux éditions Dépaysage.
– Réédition de Marie d’Égypte aux éditons Robert Laffont.

Les Voix du Monde

Photographie de Jacques Lacarrière

Le 25 et le 26 septembre, aux Instituts Français de Sousse et de Tunis.


En première partie
Édouard Glissant, de Carthage au Diamant, le penseur de la relation
A la rencontre du Tout-Monde d’Édouard Glissant, pour un partage des imaginaires, avec Valérie Marin La Meslée pour son livre Le Diamant d’Edouard Glissant, Éditions Philippe Rey – Institut du Tout Monde, 2024.


Puis le soleil, ce seul royaume. Qui était la terre d’enfance, qui l’est si simplement. Tout ce temps blessé, pour en venir au secret du sel qu’une île porte. C’est grande ambition de vouloir qualifier le temps. Chacun ne fait que tendre cet espace en lui, où se résume son mot, où sa lumière bruit. J’ai vu mon île sur son autan. Le sel du poème à la fin dépose dans la terre, qui s’alentit. Édouard Glissant, Le grand midi, in Le Sel Noir, Poésie NRF.


En seconde partie
Jacques Lacarrière, Passeur de rives, passeur de rêves
Voyage musical avec les textes de l’auteur qui racontent depuis le grenier d’écriture de Sacy. Des chemins qui nous mènent de la Turquie à la Grèce et à la Tunisie où se rencontrent le proche et le lointain.
Avec Sylvia Lacarrière accompagnée de deux musiciens au oud et kanoun.

Allant vers les voix du monde, on ne fait pas qu’errer dans le labyrinthe des chemins embrouillés qui nous ramèneraient à nous-même, mais au contraire on découvre les autres et, avec eux, cette Ariane invisible qui vous attend au terme du chemin. Jacques Lacarrière

L’Été Grec

Mai 2025, nouvelle édition, avec une préface d’Andrea Marcolongo

C’est sous les portiques de l’Agora d’Athènes où la foule de ses auditeurs, abritée du soleil, venait écouter Hérodote relater ses voyages, que l’on aimerait lire, ou mieux encore entendre lire, L’Été grec.

Car ce livre est une approche vivante, un témoignage passionné, l’histoire d’une liaison heureuse de plus de vingt ans avec une terre, un peuple et une histoire.
L’originalité de l’approche de Jacques Lacarrière réside, littéralement, dans sa démarche. Tels ces ascètes en quête d’un « homme différent », vivant – ivres de Dieu – aux frontières de la mort.

Et il devient alors évident que ce que cherche sans relâche sur la terre hellène ce promeneur solitaire, il l’a déjà trouvé en lui-même.

À travers le quotidien, les gestes et la langue populaires, dans un style impressionniste où se retrouvent l’harmonie de Sophocle, les chants médiévaux de Digenis, les mémoires du général Makryannis et les Kleftika, ces chants épiques de la guerre d’indépendance, nous passons tout naturellement de l’autre côté du miroir pour retrouver le fil qui relie Eschyle à Séféris, Homère à Elytis et Pindare à Ritsos.

À la manière enfin dont on a dit du printemps 68 français qu’il fut « chaud », on peut parler de la chaleur et du souffle libertaire de L’Été grec.

Mais le plus rare peut-être en ce beau livre est que l’exceptionnelle érudition de l’auteur n’ait en rien entamé l’étonnement, la jeunesse et l’acuité de son regard.

D’Une Grèce, l’autre

Parution en Octobre 2025.

Jacques Lacarrière, journaliste, témoin d’une Grèce blessée, des années de dictature, et rapporteur, par ces chroniques, de la voix de ses poètes…

Accompagné d’une préface de Christophe Ono-Dit-Biot

Marie d’Égypte

Réédition chez Laffont, Octobre 2025

Ce roman, ce conte-histoire débute aux temps où finissait un monde. Au IVe siècle, les dieux anciens quittaient l’Egypte. A Alexandrie, capitale de la volupté, vivait Marie, la plus belle et la plus libre de toutes les prostituées de la ville. Près du port, elle se donnait aux hommes jour et nuit, dans l’ivresse du plaisir partagé. Mais tandis que l’histoire inverse son sens et que le dieu des chrétiens pénètre le coeur des hommes, Marie elle aussi ressent une force mystérieuse, un appel fulgurant : elle quitte tout et part au désert à la recherche de l’Infini qui la délivrera de ses remords et de toute vie humaine. Marie la prostituée devient Marie des Sables et rentre dans la légende. A travers le roman de cette extraordinaire existence, Jacques Lacarrière nous entraîne au coeur de ce monde qui bascule en devenant chrétien ; Alexandrie, le désert, un dieu nouveau, Marie d’Egypte, prostituée des hommes et amante de Dieu.

En librairie le 16 octobre

Disparition de Gérard Chaliand

Un fidèle ami et compagnon de Chemins faisant vient de nous quitter.
Jacques Lacarrière avait présenté en postface un de ses derniers livres Mémoire de ma mémoire. En voici un extrait.

Gérard Chaliand voyage beaucoup, voyage sans cesse… Vietnam, Iran, Afrique, Afghanistan, Kurdistan, partout où il passa, il fut d’abord témoin – parfois même acteur – des combats et des révolutions du Tiers-monde. 
Il a partagé des années en ces pays d’exigences, ces pays durs mais fraternels, il a partagé le pain et le sel des injustices et des espoirs. Témoin, acteur, conseiller, frère, ami, il a joué tous ses rôles.
Et aussi celui du poète qui, de ces plongées dans l’histoire fragile et féroce du monde, a rapporté des mots qui durent, des chants tutélaires.
Mémoire de ma mémoire parle, de façon indirecte, avec deux générations interposées, du génocide arménien, ce n’est pas un retour sur ses origines, mais un enrichissement. 
Ce livre est une remémoration, presque une réincarnation de quelques-uns de ces combattants dont les noms, aujourd’hui, ne nous dirons plus rien, mais qui ont été, en leur temps, les derniers défenseurs de la liberté arménienne.

Jacques Lacarrière : présentation de Gérard Chaliand, Mémoire de ma mémoire

Nos premières rencontres ont eu lieu aux environs de 1968 et nos itinéraires sont à la fois très proches et très différents, nous nous sommes retrouvés sur des choses communes : ne pas faire n’importe quoi avec son existence et ne jamais s’asservir à des choses qui nous sont extérieures ou étrangères. Pendant des années Gérard Chaliand a parcouru le monde alors que moi, malgré ma légende, je ne suis pas du tout un grand voyageur, je n’ai fait que tourner autour de la Méditerranée. Gérard s’est toujours intéressé à ce qui va mal dans l’humanité, certes le soleil se lève le matin, mais il y a aussi la nuit, la guerre, des gens qui ont faim. Là, il aura axé sa vie. 

Depuis le Sentier lumineux du Pérou jusqu’aux maquis afghans d’il y a quarante ans, il a fréquenté tous les peuples du tiers monde en voie de libération, dans les montagnes, les plaines, les déserts avec une assiduité et une conscience totale. C’est une existence exceptionnelle. Si on relie aujourd’hui les Mythes révolutionnaires du tiers-monde, paru il y a plus de trente ans, cela reste prémonitoire. C’est une vie qui s’est vouée à comprendre pourquoi il y a des exterminations, pourquoi il y a des frontières ethniques, religieuses, nationales et, allant même plus loin, familiales à l’intérieur même de groupes et d’ethnies ou de fratries très restreintes. Gérard s’est toujours exprimé avec lucidité et précision.

Saga si lointaine (extrait)
…..
Mon navire est chargé de mémoire
de milliers d’années de signes et de lieux
du souvenir d’Ulysse qui refusa l’immortalité
des ouvreurs de routes,
des déchiffreurs d’univers
de toutes les libertés arrachées.
Je salue les bardes, porteurs des mots de la tribu
le clair parler françois, ma patrie
les poètes du monde, voleurs d’étoiles, brasseurs de nuages
sachant en tapis volants remonter le temps
et chanter l’amour et le souci.
Le dernier souffle de la saga leur appartient.
Au-delà de tous les désastres et de la mort
à chaque naissance, le monde recommence

A bord du Dixmude, Djakarta-Vijanayagayam, juin 2015
Kurdistan d’Irak, janvier 2016

Dans la rubrique Témoignages se trouve celui de Gérard Chaliand lu à l’Institut du monde arabe en 2015, à l’occasion des 10 ans de la disparition de Jacques

Jacques Lacarrière par Daniel Vincent

J’ai eu la chance de rencontrer Jacques Lacarrière il y a une trentaine d’années.

Tout de suite il m’a semblé le connaître et le reconnaître. Un peu comme un Colas Breugnon, bon garçon, Bourguignon aux attaches icaunaises quoique né Limougeaud en 1925, rond de façons et de bedon, chaleureux comme on sait l’être en Bourgogne, avec la cordialité juste retenue, franche, souriante et pudique.

Jacques Lacarrière a eu l’enfance Orléanaise, et connut le tournant de la guerre, ce temps terrible où, selon son expression, « Les saules ne sont pas les seuls à pleurer ». Il se souvenait du « jardin de la rue du Parc », à Orléans, et de son tilleul où il se réfugiait, avec « des désirs de Loire » et « des parfums de Sologne[1] » comme il le raconte dans Un jardin pour mémoire paru en 1999. 

Puis ce furent les études à Paris, lettres classiques à la Sorbonne, droit et langues orientales. Il abandonna l’enseignement avant même de l’avoir commencé et se dit un jour : « Reste maintenant à découvrir le monde[2] ». Parti pour l’Inde, il s’arrêta en Grèce où il multiplia les séjours, puis la Crète, le mont Athos, le monde antique et sa mythologie donnant en 1976 son ouvrage le plus célèbre, L’Été grec, au genre résolument nouveau « qui tenait de l’essai, du carnet de route, du poème en prose improvisé au rythme de la marche et du récit libéré de tous les codes formels[3] » selon un critique du Monde. À défaut de pouvoir écouter Jacques Lacarrière dire son Été Grec, tel Hérodote sous les portiques de l’Agora d’Athènes, c’est sa voix qu’il faut s’efforcer d’entendre en le lisant car c’était un conteur, j’en témoigne. Il a dit merveilles à la DRAC au début des années quatre-vingt dans le cycle que nous avions organisé avec notamment Jean-Pierre Chabrol, Per-Jakez Hélias et Bernard Clavel. 

Amoureux de la langue grecque, il traduisait aussi bien Sophocle (Antigone, par exemple) que les poètes grecs contemporains – tels Yannis Ritsos, Georges Séféris et bien d’autres – donnant ce magnifique spectacle, le Chant profond de la Grèce créé en français au Centre d’action culturelle du Creusot en 1982 avec, parmi les comédiens, Sylvia Lipa. Quelques uns s’en souviennent encore, à l’ombre du marteau-pilon ! Jacques Lacarrière, poète, écrivain, était aussi metteur en scène qui avait débuté, si je ne me trompe, avec l’Ajax de Sophocle au début des années soixante. Et Sylvia, avec Jean-Paul Roussillon, à la Comédie française dans Œdipe-Roi. Jacques et Sylvia étaient faits pour se rencontrer.

Jacques Lacarrière était à l’instar de Léon-Paul Fargue à Paris, le piéton du monde – principalement du monde méditerranéen, Grèce, Égypte, Syrie antiques et modernes, car il se sentait « enfant du soleil, de la chaleur, des pierres sèches et brûlées, de la mer tiède. [4]»  Il fut aussi, avec la maturité qui lui vint, fondamentalement, nécessairement, piéton de France. Il a tracé, Chemin faisant, la mémoire des routes – c’est le titre de la postface aux lecteurs de son ouvrage paru en 1977 – des Vosges au Roussillon. Non une divagation comme le dit l’éditeur, plutôt une sorte de pèlerinage intérieur de saint Jacques où seule l’anecdote est de hasard car la rencontre – avec la nature, les gens, l’histoire… – est nécessité. Et d’abord ce petit coin de Bourgogne, Sacy, qu’il retrouve, « minuscule finage entre quatre vallées, entre la Cure et le Serein » où, parmi les vignes, les forêts, les pierre jaunes et tendres, un jour, le sourire d’un vieillard qui l’a reconnu « après tant d’années de voyages et d’absence » lui a ouvert « toutes grandes les portes d’une enfance oubliée. [5]» Et je peux vous dire que Jacques Lacarrière était heureux à Sacy et qu’il faisait partager son bonheur, généreusement, à tous ceux qu’il recevait, à ses amis.

[1] Jacques LACARRIÈRE, Un jardin pour mémoire, Nil éditions, 1999, Paris, p. 23.
[2] Ibid, p. 187.
[3] Cité dans Wikipedia.
[4] Jacques LACARRIÈRE, Chemin faisant, Fayard, 1977, Paris, p. 93.
[5] Ibid.

La liberté de la presse ?

Je mets volontairement un point d’interrogation car la réponse n’est pas si simple.

Ce n’est certainement pas la liberté d’écrire tout ce qui vous passe par la tête et même par le cœur comme si l’on était seul dans sa ville ou dans son journal.

La liberté de celui qui informe commence avec celle du lecteur ou de l’auditeur, elle doit être écoute des autres autant qu’affirmation de soi. Du moins dans un pays démocratique.

Mais quand la démocratie est bafouée, foulée aux pieds par les tenants du racisme et la purification ethnique, quand les mots deviennent eux aussi des armes meurtrières et à double tranchant, alors l’existence de journaux indépendants, de journaux indépendants, de journalistes objectifs et critiques, demeure le seul refuge de toute liberté et l’unique oxygène des populations isolées et dupées. Elle est le seul fil, le seul pont qui puissent les relier au monde extérieur et nous relier nous aussi à elles.

Et cette liberté-là, cette survie nécessaire d’une information libre, ne peut qu’appeler de notre part la solidarité. Elle est l’acte même par lequel, à notre façon, nous demeurons à leurs côtés.

Jacques Lacarrière, L’Yonne Républicaine, le 21/3/1994

Dépaysage Collection Animales

Louve en juillet

Gabrielle Filteau-Chiba, autrice de Louve en juillet et directrice de la nouvelle collection « Animales », sera présente en France fin août pour trois rencontres exceptionnelles


Vendredi 22 août à 18h30
Salle des fêtes de Malvezie (Haute-Garonne)
Lancement de Louve en juillet et de la collection « Animales »
Animé par les libraires de L’Indépendante à Saint-Gaudens


Samedi 23 août à 16h
Librairie À La lettre à Saint-Girons (Ariège)


Dimanche 24 août à 16h30
Librairie Le Kairn à Arras-en-Lavedan (Hautes-Pyrénées)

Éditions dépaysage