Charlotte J. Charlot

« Elle pratique l’aquarelle, le dessin à la plume. Outre ses nombreuses études de paysage qui fixent intensément le squelette du réel, elle dessine aussi à la plume des formes et des paysages aux franges de l’abstraction et de l’imaginaire. Des dessins pariétaux pour murs à inventer.  »
« Ici commence notre halte
entre deux haies d’attente vive.
Entre deux fièvres aux quatre vents.
Demain, nous pourrons repartir au clair chemin des oraisons.
Demain. »
Textes de Jacques Lacarrière, extraits de 
Errances, sur le travail de Charlotte J. Charlot
Charlotte J. Charlot a vécu de nombreuses années dans le Morvan et aujourd’hui à Paris. Elle a participé à plusieurs expositions individuelles et collectives en France et à l’étranger.
Charlotte J.Charlot, dans son travail actuel, cherche à explorer son désir du pictural sous toutes ses formes à travers l’acte de peindre ; figure ou abstraction, être devant ou dans le motif. Celui de l’aujourd’hui.
Les formats identiques forment une suite comme la pellicule d’un regard.

Aristide Caillaud

Aristide Caillaud, natif des Deux-Sèvres, passa son enfance, son adolescence et les trente dernières années de sa vie en Poitou. De là son attachement à ce pays de bocage, d’eau, de forêt mais aussi de légende, de mythes, de religion et d’art et leur présence, leur prégnance dans son oeuvre.

Ami de Dubuffet et de Chaissac, son voisin vendéen, Caillaud participa en 1949 à la première manifestation de 1’art brut. Cependant, son oeuvre ne peut ni être identifiée à ce mouvement essentiel, ni être limitée au qualificatif de naïve.

Elle est celle d’un poète de l’image, inventeur de formes et de structures très élaborées, oeuvre unique, original et originel plain-chant où les quatre règnes de la vie se confrontent et se conjuguent. Grâce aux textes de Jacques Lacarrière, cet ouvrage richement illustré permettra au lecteur de découvrir l’univers fascinant de ce peintre inclassable.

Aristide de Sirène

« Sous les paumes, le mirage. Sous la main, le miracle.
Une Pâques de couleurs, pâquis de colories.
Au bout des doigts, le monde. Sur la toile, l’Etoile.
Un béethléem de lumière. Etable ou se rend le Mage, enchanteur cheminant, quand le désir le prend de rendre hommage
au nouveau lieu des langes.
Ici, même les momies sourient dans l’Immobile,
l’arbre ne craint plus ses rumeurs
l’oiseau revendique le chat
et le volcan, ailleurs étau de feu,
est un émoi de plus parmi l’azur. »

Jacques Lacarrière

Alecos Fassianos

Enfant, je jouais dans les paupières du ciel. Les nébulosités de l’espace étaient mes seules compagnes. Je marchais sans y prendre garde sur les cheveux des vieilles femmes, côtoyais les plus laids monuments sans même les remarquer. Sans un mot, je déshabillais les forêts pour les jeter nues à l’entrée des villes, mais je continuais de m’instruire à l’écoute des paroles douces des saisons.
A chaque pose, des vols d’oiseaux migrateurs m’indiquaient la route à suivre. J’étais indiscuté, j’étais heureux…
L’Enfance d’Icare, poèmes, lithographies de Fassianos. Syrmos éditeur

… Les personnages de Fassianos, ces figurants d’un théâtre muet, ces acteurs d’un film arrêté, bref ces ombres suggèrent, malgré leur caractère unidimensionnel, un monde le plus souvent sensuel, langoureux et voluptueux, un monde à l’orée du rêve aussi, où la beauté passe comme au ralenti, sans urgence et sans pesanteur, avec la même fidélité et la même sensualité que le vent à travers les étendues et les langueurs du sommeil. Car ces ombres rêvent quelquefois.
A quoi peut bien rêver une ombre ?
Peut-être à ce pays précieux et très ancien dont parle Platon et où les hommes n’avaient encore que deux dimensions comme les personnages des vases ? Ce pays du bonheur encore sans épaisseur ? Ce sont eux finalement ces fantômes de jadis qui survivent aujourd’hui dans cette œuvre et portent jusqu’à nous, jusqu’à notre brutale, bruyante modernité, la grâce et la légèreté des nuages humains de Fassianos.
Jacques Lacarrière

Peut-on imaginer un monde sans musique ?

Peut-on imaginer un monde sans musique, un monde où les ruisseaux couleraient sans murmures, où les oiseaux ignoreraient le chant et où le vent lui-même ne serait qu’un souffle sans échos ? Je dis bien : un monde sans musique, pas un monde insonore ou sans bruit. Bruits et sons nous entourent, nous envahissent dès la naissance, rythment ou martèlent chaque instant de notre vie depuis les battements de notre cœur jusqu’aux rumeurs ultimes du Big-Bang encore audibles, nous dit-on, dans le concert des étoiles. Non, je ne parle pas de bruits sans âme mais de la musique qui est au son ce que la fleur est à la tige, une éclosion, une effusion, voire une élévation offerte aux yeux et aux oreilles.
Il y a quelques années, à l’occasion du premier concert donné par un groupe de jeunes musiciens amateurs, je leur avais écrit : «A quoi peut bien servir la musique ? A divertir, émouvoir, plaire, faire rire, faire pleurer, donner des leçons, donner des frissons, charmer les oreilles ou les casser ? A tout cela, semble-t-il, selon les cas, les siècles, les auteurs et les interprètes, à tout cela sauf adoucir les mœurs.» Je ne peux que réitérer ici ces humbles évidences. La musique n’est pas là pour adoucir ni d’ailleurs endurcir les mœurs, pour faire de nous des anges ou des démons, nous tracer le chemin menant au seuil du paradis ou au cœur de l’enfer car elle est d’abord une fête des sons, une noce d’accords, un concert – voire un concile – de timbres et de rythmes, une floraison d’émotions, une moisson de vibrations, tout un unisson d’harmonies. Et ce, qu’elle s’en tienne aux demeures familières des assonances et consonances ou qu’elle s’aventure vers les contrées délicates – et souvent délicieuses – de la Dissonance.
Un après-midi d’août 1944 en pleine Occupation, à la veille de la libération de la ville d’Orléans où j’habitais alors, une jeune amie pianiste profita d’un répit entre deux bombardements pour se remettre au piano. La musique me parvint tandis que je montais les escaliers de sa maison pour lui rendre visite. Une musique étrange, inconnue de moi qui me figea littéralement sur place. C’était un air lent, très lent, une sorte de complainte qui n’avait rien d’une déploration, une musique austère, hiératique mais d’où n’émanait nulle tristesse, comme si elle accompagnait une procession solennelle, illustrait une cérémonie secrète ou séculaire, venue du fond des temps. Et ce, en un lieu que j’imaginais comme une terrasse vaste et nue donnant sur de grandes arcades. C’était la Sarabande de Claude Debussy, seconde partie d’une suite qui en comprenait trois et qui s’intitulait : Pour le piano.
Depuis ce jour de 1944 où je l’entendis pour la première fois – il y aura donc bientôt soixante ans ! -, cette Sarabande n’a cessé de dérouler en moi ses fastes solennels, son fascinant murmure, sa lente, enchanteresse liturgie. Comme le chant d’une invisible et angélique Infante gagnant quelque lieu fatidique ; une Infante rencontrée en une vie passée et retrouvée, reconnue ce jour-là, indiscutablement, par l’entremise et la magie de la musique de Debussy. A quoi sert la musique ? Mais à retrouver le chant de nos vies parallèles !

L’opéra et la tragédie antique

InfoMatin : Comment le mythe d’Iphigénie a-t-il survécu ?
Jacques Lacarrière : Quand Euridipe écrit Iphigénie en Tauride, puis Iphigénie en Aulide, il y a belle lurette qu’on ne sacrifiait plus les femmes en Grèce, ni les hommes ! Le dramaturge se trouve donc devant une tâche ardue mais passionnante : expliquer humainement, par les ressorts de la psychologie, un rituel archaïque dont le sens avait disparu. Chacun, au cours des siècles, a continué cette démarche et apporté sa propre vision du drame. Tant qu’un mythe est lu, joué, écouté, dansé, interprété d’une façon ou d’une autre, il reste vivant.

Peut-on rapprocherle sacrifice l’Iphigénie de celui d’Isaac ?
J. L.: Le sacrifice d’Iphigénie est imposé à Agamemnon, non pas en tant que père, mais entant que général des armées grecques, pour que les bateaux puissent porter la guerre à Troie. Le sacrifice d’Iphigénie a une portée collective, il concerne le sort de l’armée grecque toute entière et celui de la guerre contre les Troyens. Le sacrifice d’Isaac, lui, est une épreuve personnelle envoyée par Dieu pour tester la foi et la soumission d’Abraham. Nous sommes dans deux mondes tout à fait différents : celui de la responsabilité collective avec les Grecs, celui de la foi inconditionnelle avec la Bible.

La mythologie grecque résonne-t-elle toujours en l’homme occidental ?
J. L. : Les personnages de la mythologie grecque qui ont survécu jusqu’à nous sont ceux qui ont été portés jadis au théâtre. Si leurs conflits, leurs drames, leur histoire ont encore pour nous sens et vie, c’est que ces œuvres continuent de nous poser des questions vitales. Pour ne prendre qu’un exemple, celui d’Antigone face à Créon n’est-il pas l’illustration parfaite de cette phrase d’Einstein : « Ne fais jamais rien contre ta conscience, même si l’Etat te le demande » ? Je suis sûr que Sophocle et Einstein se seraient entendus ! Ce que Sophocle appelait tyrannie, Einstein l’appelait totalitarisme,mais la conséquence est la même : tant qu’il y aura des Créon, nous aurons besoin d’Antigone.

L’opéra participe-t-il des rites religieux?
J. L. : L’opéra est la forme scénique la plus proche de ce que fut la tragédie grecque, mais les tragédies antiques étaient plus encore que des opéras. Je ne crois pas que l’opéra doive rester dans un registre religieux, rituel où mythologique. Il n’y a aucune raison de ne pas faire comme ont fait les auteurs d’autrefois, qui ont innové en portant ces personnages sur la scène. Il est essentiel que l’opéra soit présent dans un registre novateur, qui ne repose plus sur la fatalité des personnages, mais sur leur liberté, leur pouvoir d’inventer l’avenir. Après les parricides ouïes infanticides, il lui reste à proposer aussi des genèses dont la voie reste à tracer!

Propos recueillis par Lucien Delarue pour Info Matin

Dans le sillage d’Orphée

Récital conçu et présenté par Sylvia Lipa et Jacques Lacarrière
Le 27 septembre 2000 à l’auditorium Saint-Germain-des-Prés

Avec la participation amicale de Denise Aron-Schrôpfer, Angéla (chant), Catherine Jacobsen, Michel Boizot, Jean Guiloineau, Yannis Vlastos (Oud et Bouzouki) et Mahmout Démir (Saz et Kémencçé).
D’Homère à Séféris, de Platon à Bouddha en passant par l’Egypte, l’Iran, la Mésopotamie, la Grèce et Rome, poèmes, proses et chants n’ont cessé de jalonner les voies d’hier et d’aujourd’hui en Méditerranée. Voies déla sagesse, de la méditation mais aussi voies de du vin et de l’ivresse, de du plaisir de vivre et réfléchir ensemble. Entrecoupées de chants ou de musiques instrumentales, ces voix seront celles de : Socrate, Platon, Héraclite, Antisthène, Diogène, Pline, Marc-Aurèle, Plotin, quelques prêtres de Babylone, un roi de Bactriane, un berger mésopotamien, un architecte égyptien et les voix vivantes et modernes des poètes grecs Ritsos, Séféris, Elytis.
Sans oublier bien sûr Orphée dont les hymnes ouvriront et clôtureront ce récital entre deux aurores : celle d’hier et celle d’aujourd’hui, à travers la voix sans âge des poètes.

Le livre des Genèses

En ces temps où la science s’efforce d’expliquer la naissance du monde, Le Livre des Genèses de Jacques Lacarrière retrace l’histoire mythique de notre origine et de nos commencements. En effet, il ne s’gait pas seulement de de la Genèse selon la Bible, mais des différentes conceptions de la création nées au sein des religions sémitiques et indo-européennes qui ont fondé les grands mythes de notre culture. Aussi, l’ouvrage concerne-t-il le monde méditerranéen, égyptien, indien, nordique, mésopotamien, mésopotamiens, hébraïque et chrétien.

Aux questions qu’il se posait sur l’origine de son existence, l’homme a répondu en imaginant l’histoire d ‘un passé mystérieux et inconnu. Cet imaginaire, demeuré dans la mémoire des hommes, s’est également prolongé dans leurs œuvres d’art. De Sumer à nos jours, les artistes ont représenté sans discontinuer ces mythes primordiaux qui constituent un des aspects majeurs de notre patrimoine artistique.

Aussi l’iconographie joue-t-elle dans ce livre un rôle essentiel. Elle couvre le champ allant du monde antique au XXe siècle et fait appel à tous les arts dans leurs Expressions diverses : statues, sculptures, bas-reliefs, fresques, sceaux, monnaies, vases, papyrus, enluminures, et gravures.

Le Livre des Genèses constitue donc un parcours iconographique inédit qui, des temps les plus anciens jusqu’au présent le plus contemporain, raconte et image la façon dont les hommes des différentes cultures ont conçu et rêvé notre venue au monde.

Jacques Lacarrière, spécialiste du monde grec (L’Été grec, Promenades dans la Grèce antique, En cheminant avec Hérodote), a écrit également plusieurs ouvrages liés à l’histoire des religions : Les Gnostiques, Les Hommes ivres de Dieu, En suivant les dieux et Marie d’Egypte, son premier roman.

Philippe Lebaud

Paris 1990

Tendres Boucheries

FR3 Bourgogne

Tendres Boucheries, une exposition réalisée en juin 1983 avec Charlotte J. Charlot, Pascal Dibie, Sylvia Lacarrière et Jean-Marc Tingaud avec la collaboration de Jacques Lacarrière et des plasticiens de Bourgogne et d’ailleurs.

FR3 Bourgogne rend compte de cet événement et donne la parole aux auteurs.

Avec le concours du Conseil Régional de Bourgogne, de laDirection Régionale des Affaires Culturelles, des Ministères de la Culture et de l’Agriculture.

Une production de l’Agence Nationale de Création Rurale.